Biographie
Forte est la tentation de qualifier l'œuvre de ce grand cinéaste né à Madrid en 1968 de «cinéma social». De son court-métrage Sirenas à son dernier long, Sintiéndolo mucho, León de Aranoa n'a en effet jamais cessé de mettre en scène ceux que notre société sacrifie, jeunes des banlieues, chômeurs, prostituées ou immigrés. Mais le réalisateur rejette cette étiquette et il affirme que c'est d'abord la volonté de comprendre le monde qui motive ses films.
Réalisateur de télévision à ses débuts, scénariste pour d’autres, Léon de Aranoa développe ses propres créations et son goût pour écrire des histoires à partir de 1994. Dans ses films le désir d’échapper à la réalité sait faire surgir le rêve, la poésie, l’émotion. La satire, l’humour n’empêchent pas le respect des êtres comme dans sa dernière et surprenante comédie à l’italienne qui nous a tant fait rire El buen patrón. Couvert de Goya pour Barrio son premier film, pour Familia, son second, il reçoit la Concha de oro, et pour Los lunes al sol c’est, dès 2002, la reconnaissance et une carrière internationale qui s’ouvrent à lui.
Ce cinéaste, portraitiste et humaniste donne à voir au-delà du constat de la dureté du monde, toute la condition humaine où le pire et le meilleur se côtoient.
Dans son dernier opus, ce documentaire Sintiéndolo mucho consacré au chanteur Sabina, il nous montre combien est grande sa capacité de parler de personnes et non de personnages, de mêler les genres, s’approchant de si près du grand chanteur qu’il admire depuis si longtemps et dont il offre au spectateur un portrait intime, celui de ses renoncements, de ses failles aussi.
L’artiste engagé pendant ses quarante ans de carrière est bien là, mais l’homme aussi avec son art de la chanson d’amour et de désamour, celle de toute sa vie.